Par les déroutants temps qui courent, marqués par la seconde arrivée au pouvoir de Donald Trump et les excès qu’elle déclenche déjà dans les entreprises et la société, sans compter les salves politiques contre l’ADEME et la #CSRD, il est permis (et même vivement recommandé, à mon sens) de se détourner très momentanément du monde et d’aller chercher dans l’art notamment, comment entretenir la flamme en nous. Comme l’exprime joliment le philosophe Ollivier Pourriol au sujet de la danse : « Parfois, pour sauver le monde, mieux vaut l’ignorer et trouver en soi de quoi danser pour vivre. C’est peut-être, étrangement, la meilleure manière de retisser des liens avec les autres, en commençant par retrouver une flamme au fond de soi. »
Car l’art a le pouvoir, littéralement, de nous mettre en mouvement – par l’émotion esthétique qui mobilise notre corps autant que notre intellect, par la vision artistique qu’ils portent, permettant une ouverture sur le monde et sur les autres, mais aussi un questionnement sur notre monde contemporain qui transcende le quotidien. Ce qu’Henri Bergson résumait en disant que l’artiste est « un homme qui voit mieux que les autres, car il regarde la réalité nue et sans voiles », n’hésitant pas à « mettre le feu aux conventions, à mépriser l’usage pratique et les commodités de la vie. »
C’est cette capacité de médiation de l’art est de manière croissante, aussi, convoquée pour transformer des lieux et les imaginaires qui leur sont associés. En particulier, l’art se retrouve placé au cœur de projets visionnaires qui transfigurent des territoires industriels déshérités pour en faire de véritables phares culturels, économiques et sociaux. Pour l’illustrer, j’ai pris ici cinq exemples emblématiques qui me touchent particulièrement : l’île de #Naoshima au #Japon (dont je reviens, un voyage de rêve pour les 18 ans de ma fille), l’Instituto Inhotim que j’ai eu la chance de visiter au #Brésil il y a une dizaine d’années (alors que j’avais été invitée à #BeloHorizonte pour une conférence), le Château la Coste près d’Aix-en-Provence (qui fait vibrer mes racines marseillaises), le projet Boulevard Paris 13 qui mise depuis 15 ans sur le #streetart (que j’adore) pour changer l’image et l’attractivité du 13e arrondissement de Paris et, enfin, STREET ART CITY près de #Moulins dans l’Allier (ville où j’ai passé beaucoup de temps dans mon enfance).
Il y a cinquante ans, peu de Japonais et encore moins d’étrangers connaissaient Naoshima. L’île, située dans la mer Intérieure de Seto, abritait principalement la plus ancienne fonderie du Japon, exploitée par Mitsubishi Materials depuis 1917. Ses docks et terres dénudées, ravagées par les effets nocifs de la fusion du cuivre, illustraient un passé industriel en déclin. Comme d’autres régions du Japon, #Naoshima subissait un exode rural qui menaçait son avenir.
Dans les années 1970, le maire visionnaire de Naoshima, Miyake Chikatsugu, prit conscience du problème et sollicita l’aide de Tetsuhiko Fukutake, président de Fukutake Publishing (devenue Benesse Corporation en 1985, cette entreprise de l’éducation a notamment racheté #Berlitz, spécialisé dans l’apprentissage des langues étrangères). Ensemble, ils imaginèrent un projet d’abord modeste : un terrain de camping international pour enfants sur la partie sud de l’île, protégée par le parc national de la mer Intérieure de Seto. Mais en 1986, alors que le projet est à peine lancé, Tetsuhiko décède, laissant son fils et héritier Soichiro reprendre les rênes. Ce dernier a des projets beaucoup plus ambitieux : avec l’aide de l’architecte Tadao Ando, Soichiro entreprend lentement mais sûrement de métamorphoser Naoshima en une « île artistique ». En 1992, le Benesse House Museum ouvre ses portes, suivi de chefs-d’œuvre architecturaux comme le Chichu Art Museum , conçu pour préserver des œuvres de Monet et Walter De Maria, et le Lee Ufan Museum. Des lieux totalement ouvert et intégrés au paysage, qui sont complétés par des installations emblématiques comme les citrouilles géantes de Yayoi Kusama, des œuvres en plein air de Niki de Saint-Phalle… sans oublier le Art House project, regroupant une dizaine de maisons traditionnelles de village rénovées par des artistes auxquels on a donné carte blanche.
Depuis, le nombre de visiteurs annuels sur l’île est passé de 36 000 en 1992 à plus de 750 000 en 2019. La Triennale de Setouchi, initiée dans la foulée par Benesse, a élargi cette transformation artistique à d’autres îles environnantes, comme Teshima et Inujima. Une renaissance qui a généré plus de 600 emplois directs liés au tourisme et à la culture, offrant un nouvel élan économique et social à cette région autrefois marginalisée…
À Brumadinho, au Brésil, l’Instituto Inhotim est né au milieu des années 90 dans l’esprit de Bernardo Paz, figure éminente de l’industrie sidérurgique brésilienne et collectionneur d’art passionné. Cet entrepreneur ainsi a transformé une région minière sur le déclin en un site culturel et écologique de renommée internationale, qui s’étend sur une vaste étendue de 300 000 m2, avec des jardins magistralement conçus par Parque Ecológico Roberto Burle Marx.
Ouvert en 2004, Inhotim combine art et nature dans une expérience immersive. C’est le plus grand lieu d’art en plein air d’Amérique latine, avec une gamme diversifiée de plus de 500 œuvres d’art de 100 artistes notables, dont Cildo Meireles, Chris Burden, Hélio Oiticica, Matthew Barney, Adriana Varejão, Marepe, Ernesto Neto, Paul McCarthy, Doris Salcedo et Miguel Rio Branco. Des pavillons abritent des œuvres d’artistes comme Olafur Eliasson et Hélio Oiticica, tandis que les jardins botaniques renferment des milliers d’espèces végétales de la Mata Atlantica. Ce mariage unique attire chaque année près de 500 000 visiteurs.
Inhotim a non seulement revitalisé l’économie locale, mais il est devenu un laboratoire de conservation environnementale, montrant comment art et durabilité peuvent se renforcer mutuellement. Grâce à cette initiative, environ 600 emplois directs et 1 500 emplois au total ont été créés, et le site contribue de manière significative au PIB de la région de Brumadinho, autrefois marquée par le déclin industriel.
Retour en France et plus précisément en Provence : le Château la Coste a été réinventé par Patrick McKillen, un homme d’affaires irlandais passionné par l’art et le vin. Acquis en 2002, ce domaine viticole traditionnel et historique a été au fil des ans transformé en un sanctuaire où se rencontrent tradition, modernité et créativité.
Le domaine, dont les vignes ont été entièrement converties à l’agriculture #biologique, s’étend sur plus de 200 hectares près d’Aix-en-Provence. Depuis 2004, il propose des œuvres majeures de nombreux artistes comme Louise Bourgeois, Richard Serra, Prune Noury, Andy Goldworthy ou Hiroshi Sugimoto, ainsi que des bâtiments ou pavillons conçus par des architectes de renom tels que RPBW Renzo Piano Building Workshop Frank Gehry ou Jean Nouvel. La galerie d’art de Tadao Ando est un autre point culminant de ce lieu exceptionnel, ainsi que le restaurant gastronomique désormais opéré par le Groupe Hélène Darroze.
Grâce à McKillen, le Château La Coste s’est réinventé en une destination culturelle et œnologique de classe mondiale. Cette alliance unique d’art, d’architecture et de vin attire une clientèle chaque année des dizaines de milliers de visiteurs, venus de partout dans le monde. Le domaine est ainsi devenu un moteur économique local, générant environ 300 emplois directs et indirects, liés à la production viticole, à l’hôtellerie, à la restauration et à la gestion des activités culturelles – tout cela faisant du Château La Coste un exemple parfait de synergie entre l’art, le patrimoine, et l’économie, avec un modèle de développement territorial durable basé sur la valorisation de l’art et du terroir.
Le projet Boulevard Paris 13, initié en 2009 par le maire socialiste Jérôme Coumet (en poste depuis 2007) avec l’aide de Mehdi Ben Cheikh (patron de la très spécialisée Galerie Itinerrance), veut transformer le 13e arrondissement de #Paris en un musée de #streetart à ciel ouvert. Ce projet unique a pour ambition de revitaliser l’image du quartier, autrefois marquée par une architecture grise et de nombreuses tours de logements sociaux.
En 15 ans, l’art urbain s’est progressivement intégré dans le paysage local, malgré les réticences initiales de certains habitants, métamorphosant les tours notamment avec des fresques monumentales réalisées par des artistes renommés tels qu’Obey, Invader ou C215 – fresques qui jalonnent désormais un parcours urbain artistique mondialement reconnu. Ainsi, par exemple, la célèbre Tour 13, un immeuble HLM relooké par des artistes internationaux avant sa démolition en 2013, a attiré en quelques semaines quelque 30 000 visiteurs, prêts à faire jusqu’à cinq heures de queue. Le musée compte à ce jour plus de 55 œuvres de 35 street-artistes issus de 13 nationalités différentes, qui s’articulent dans une scénographie urbaine attractive sur l’axe du Boulevard Vincent Auriol.
Le projet est aujourd’hui dirigé par l’Association de Promotion des Arts Urbains et Contemporains, une association à but non lucratif et reconnue d’utilité publique créée spécifiquement pour insuffler des actions urbaines et artistiques sur le territoire. Grâce à cette initiative innovante, le 13e arrondissement s’est repositionné comme un territoire culturellement avant-gardiste, faisant descendre l’art dans la rue pour le rendre accessible à tous, tout en valorisant son patrimoine architectural.
De manière plus inattendue, c’est dans l’Allier rural, à #Lurcy-Lévis (commune de 1900 habitants) près de #Moulins, que Gilles et Sylvie Iniesta ont réinventé un ancien site industriel de #FranceTelecom en un lieu unique : la seule résidence artistique au monde entièrement dédiée au #streetart. Ancien centre de formation des PTT, inauguré en 1982 et fermé en 1992 puis abandonné, ce site a été racheté en 2003 avec le château voisin dont le couple s’était porté acquéreur : ils se retrouvent ainsi avec ce terrain où se trouve un centre de formation désaffecté, et se demandent pendant plusieurs années ce qu’ils pourraient bien en faire. Ce n’est que fin janvier 2015 que Sylvie a l’idée de faire de ce lieu unique un espace d’expression pour les artistes, pour ressusciter ces murs envahis par la broussaille. Le couple ne connaît pas du tout le milieu artistique, mais le projet ne lui fait pas peur. STREET ART CITY ouvre en 2016 sur un site de 10 hectares, comprenant plus de 7 000 m² de bâtiments appelés à devenir un laboratoire artistique qui accueille chaque année des artistes de street-art venus du monde entier. Près de 22 000 m² de murs extérieurs et intérieurs portent la signature de plus de 500 artistes issus de 69 nationalités différentes. En résidence sur place pendant 2 ou 3 semaines, ces créateurs transforment chaque mur en une toile unique.
Le lieu propose aussi des œuvres éphémères renouvelées selon les cycles naturels d’usure, créant une dynamique de visite régulière. En plus des fresques extérieures, Street Art City propose des expositions intérieures, notamment dans l’Hôtel 128, où chaque chambre est investie par un artiste, offrant une expérience immersive aux visiteurs.
L’impact économique est significatif : en 2022, Street Art City a enregistré 30 000 visiteurs en six mois d’ouverture et en seulement quelques années, le site est devenu un pôle touristique majeur dans la région, attirant des milliers de visiteurs chaque saison et stimulant l’économie locale par les emplois liés au tourisme, à la restauration et à la vente d’œuvres. « Nous avons dû développer tout un réseau de soixante-dix chambres d’hôtes et de gîtes pour permettre de les accueillir », poursuit Gilles. Le site qui rouvre ses portes au public de mai à novembre, emploie une douzaine de salariés. Quant aux graffeurs qui rêvent de venir à Lurcy-Levis, ils rongent leur frein : « nous avons une liste d’attente de 1 000 artistes ! », affirme le propriétaire.
À l’image des exemples précités, de nombreux territoires, autrefois marqués par le déclin industriel ou la marginalisation, se repositionnent aujourd’hui pour devenir des « terres d’art ». En investissant dans l’art contemporain et en lui donnant souvent comme écrin leur patrimoine immobilier historique et rénové, ils se transforment en pôles d’attractivité culturelle et économique, tout en revisitant leur identité… et en boostant leur fréquentation touristique.
C’est le cas de Zeitz Museum of Contemporary Art Africa à Cape Town : cet ancien silo à grains, métamorphosé en musée d’art contemporain africain, est devenu un emblème de la renaissance culturelle du front de mer de Cape Town. Sa conception architecturale audacieuse attire des visiteurs du monde entier et fait du site une icône de l’innovation culturelle sur le continent africain. Dans le même esprit, la Fonderie Darling à Montréal s’est installée dans une ancienne usine métallurgique et offre un espace aux artistes contemporains tout en revitalisant un quartier ouvrier. Cette approche, qui associe mémoire industrielle et dynamisme artistique, est aussi celle de la Ruhrtriennale en Allemagne : dans la région de la Ruhr, des friches industrielles, telles que des usines et des mines, ont été transformées en sites culturels uniques. Chaque année, le festival culturel attire un public varié, redonnant vie à ces espaces et insufflant une énergie nouvelle dans une région autrefois marquée par l’extraction minière.
Autre exemple plus proche de nous mais aussi plus ancien dans le temps, et donc riche d’enseignements : depuis 1970, les Les Rencontres de la photographie, Arles ont joué un rôle-clef dans la transformation de la ville d’Arles qui devient chaque été la capitale mondiale de la #photo. Cet événement annuel fut d’ailleurs créé initialement par le photographe Lucien Clergue, l’écrivain Michel Tournier et l’historien Jean-Maurice Rouquette pour aider la ville à faire face à un certain déclin économique, en partie lié à la désindustrialisation et au recul de ses activités portuaires et agricoles. Arles, bien que dotée d’un riche patrimoine historique et architectural, peinait alors à attirer des visiteurs et à valoriser son potentiel culturel.
Lucien Clergue, originaire d’Arles, voyait dans la photographie un moyen de revitaliser la ville et d’en faire un centre d’échanges artistiques. De fait, la création des Rencontres a permis de mobiliser le patrimoine arlésien – notamment ses arènes, cloîtres, et anciens bâtiments industriels – pour en faire des lieux d’exposition, donnant ainsi une nouvelle fonction et une nouvelle attractivité à ces espaces historiques.
Le modèle économique de ce festival est atypique, avec un autofinancement élevé (58 %) et un budget de 7 millions d’euros, dont 20 % proviennent du mécénat. Mais l’impact sur l’image de la ville et son attractivité est indéniable et désormais bien ancré : Les Rencontres de la photographie d’Arles attirent chaque année 140 000 visiteurs, dont une majorité vient spécifiquement pour cet événement. Le festival contribue fortement à l’afflux touristique estival, augmentant la fréquentation hôtelière et le commerce local. Les retombées économiques sont significatives, générant 23 millions d’euros d’impacts indirects, incluant les dépenses en hébergements, restauration, transport, et activités annexes.
L’événement crée aussi des emplois saisonniers pour répondre à l’afflux touristique, notamment dans l’hôtellerie, la restauration et la logistique : l’association organisatrice emploie une cinquantaine de salariés à l’année, effectif porté à près de 400 lors du festival, dont environ 50 % en contrats aidés, dans une ville où 24 % de la population atteignait le seuil de pauvreté en 2021. Et c’est sans compter les centaines d’emplois locaux (commerçants, artisans, etc.) qui bénéficient indirectement de la dynamique du festival.
Grâce aux Rencontres, Arles est désormais perçue comme un centre d’excellence culturelle, ce qui a aussi renforcé son attractivité pour des projets artistiques et éducatifs. Ainsi des écoles et formations en photographie, en tête desquelles l’ECOLE NATIONALE SUPERIEURE DE LA PHOTOGRAPHIE (ENSP – créée en 1982 et qui est l’unique école d’art en France exclusivement consacrée à la photographie) ont vu le jour, consolidant la vocation artistique de la ville. Par ailleurs, le festival a incité à réhabiliter plusieurs lieux historiques comme les Ateliers SNCF, un vaste site industriel reconverti en espace d’exposition majeur – des rénovations qui renforcent non seulement l’attractivité touristique, mais participent aussi à préserver le patrimoine local.
Ces projets illustrent les uns après les autres que l’art n’est pas seulement ornemental c’est un puissant levier de transformation, qui révèle les potentialités cachées des lieux et des communautés, les reliant à un imaginaire collectif capable de transcender les limites de la réalité quotidienne. Oscar Wilde ne s’y trompait pas en affirmant avoir « traité l’Art comme la réalité suprême, et la vie comme une simple forme de fiction ». Dans un monde en quête de sens, l’art est une boussole pour réinventer nos territoires et nos vies – et certaines entreprises particulièrement liées (par leur activité ou leur histoire) à un ou plusieurs territoires n’hésitent pas à déployer cette approche…
C’est par exemple le cas de la foncière commerciale FREY , à l’origine d’une nouvelle génération de centres commerciaux de plein air : cette entreprise cotée, à la fois Société à Mission et #BCorp, s’est donné pour mission de remettre le commerce au service de l’intérêt collectif et, dans ce cadre, son pdg-fondateur Antoine Frey, lui-même amateur d’art, a créé en 2019 (avec la complicité de l’artiste Speedy Graphito et du philosophe fan d’art urbain Lemarié Gérard) un Festival annuel de street-art sur son site du LE CLOS DU CHENE, à Marne-la-Vallée. Répondant à la fois à une volonté de valorisation du territoire et de démocratisation de l’art urbain, il permet aux habitants de découvrir le street-art dans ce qui est devenu le plus grand musée spécialisé à ciel ouvert avec près d’une centaine d’oeuvres monumentales de street-art réalisées par plus de 40 artistes.
Un autre exemple intéressant est celui de Yves Rocher, qui a créé en 2004 dans le village natal de l’entreprise (4000 habitants à l’année) Les Rencontres de #LaGacilly, qui combinent photographie et nature pour attirer 300 000 de visiteurs chaque été, pendant quatre mois de juin à septembre, le meilleur de la création photographique contemporaine, offrant une expérience immersive et déambulatoire au cœur d’une trentaine de galeries à ciel ouvert et en grand format, présentant le meilleur de la création photo contemporaine avec un effet dynamisant sur cette région de #Bretagne. En cohérence avec la mission de l’entreprise, le festival s’intéresse tout particulièrement aux travaux de grands maîtres de la photographie environnementale et entend faire émerger une nouvelle génération d’artistes qui ont le souci de faire cohabiter le genre humain avec le vivant.
Les tirages dont certains atteignent 80 m2 habillent les rues, les jardins et les venelles de La Gacilly, métamorphosé en « village dans les images », dont le magnifique patrimoine bâti offre un écrin parfait aux plus de 800 images exposées autant qu’il est valorisé par les œuvres des photographes présentés.
Les exemples de Naoshima, Inhotim, Street-Art City et bien d’autres cités ici confirment qu’au-delà de l’esthétique, l’art peut être un véritable levier de transformation pour des territoires en difficulté. Il revitalise non seulement les paysages et le patrimoine, mais aussi les économies locales, en insufflant un nouveau dynamisme social et culturel.
Evidemment, ces réussites ne doivent pas rester des cas isolés. Elles nous invitent plus largement à repenser le rôle de l’art dans nos vies et dans nos sociétés, a fortiori en ces temps troublés. L’art, on l’a vu, peut incarner une vision collective, réenchanter des espaces et faire émerger de nouveaux récits territoriaux porteurs de sens, capables de fédérer autour d’un projet commun. Il vient nous rappeler également que changer le monde commence souvent par changer notre regard.
Et si nous osions davantage en 2025 investir dans l’art comme moteur de régénération ? Non pas uniquement comme un outil de revitalisation économique et territoriale (ce qui est déjà énorme), mais comme une clé plus profonde pour renouer avec l’émotion et le vivant, avec une certaine idée de l’avenir… et avec une foi dans notre capacité à le faire advenir.